Reportage ou émission de télévision, Allemagne, 2007, de Youri Gorban, Denis Charkich, en couleur, sonore.
Production : Allemagne, 2007
Durée : 60 minutes.
Version originale : français
Ce document est composé d’une brève introduction sur l’importance géopolitique de l’Ukraine, berceau de la culture slave et de l’économie soviétique au temps de l’URSS, et qui représente encore un fort poids économique en Europe de l’est. Revenant sur la révolution orange à la fin de l’automne 2004, le document propose 2 documentaires qui mettent en exergue la profonde division de la société ukrainienne, les différences d’aspirations qui paralysent la vie politique du pays 3 ans après les évènements de 2004. La question est de savoir comment dépasser ces divergences pour maintenir l’union de la société ukrainienne.
Le premier documentaire, « L’Ouest, c’est notre culture » a été réalisé par Youri Gorban, militant de la révolution orange. A travers le portrait de la ville de Lvov, capitale de l’Ukraine occidentale et de la lutte orange, il tente de montrer la nette différence culturelle entre les deux parties de l’Ukraine, celle de l’ouest, catholique, culturellement et artistiquement vivace, historiquement liée à la Mitteleuropa et aux aspirations démocratiques occidentales, profondément opposée à toute velléité de domination politique, et celle de l’est jugée moins développée car soumise aux dictats communistes. Malgré une déception grandissante quant aux conséquences de la révolution orange (hausse des prix et du chômage, crise des campagnes, conditions de vie difficiles), l’Ukraine occidentale reste profondément pro-occidentale, pour une intégration dans la communauté européenne et confiante dans l’évolution de la situation.
Le second documentaire, « A l’Est il y a nos richesses », réalisé par le journaliste Denis Charkich fait pendant au premier documentaire en nuançant les propos particulièrement négatifs portés à l’égard d’une Ukraine orientale jugée arriérée. En dressant le portrait d’une Ukraine ouvrière (nombreuses séquences dans les mines de charbon), pauvre, aux conditions de vie rudes, le réalisateur met l’accent sur une population profondément atteinte dans sa dignité par les brimades et humiliations permanentes des Ukrainiens de l’ouest et du gouvernement à l’égard de leurs spécificités (rejet officiel de la langue russe, fermeture des usines pourtant seul gagne-pain, remaniement de l’histoire au discrédit de l’URSS…). Du portrait de ces habitants se dégage un profond sentiment de fierté : ce sont eux, à la mine, qui en dépit de conditions de travail particulièrement dangereuses assurent la majeure partie des richesses du pays. Sceptiques quant à une éventuelle intégration européenne, nostalgiques aussi de l’époque soviétique où ils étaient bien mieux considérés, les Ukrainiens de l’est ont davantage soutenus Yanoukovitch pour défendre leur dignité que pour ses capacités politiques. Pour autant, malgré leurs vives critiques à l’égard de la révolution orange, le réalisateur montre des habitants mus par une profonde volonté d’une union avec les Ukrainiens de l’ouest.
Andreas KAPPELER, Petite histoire de l'Ukraine, Paris, Institut d'Études Slaves, 1997, 224 p. ; Arkady JOUKOVSKY, Histoire de l'Ukraine, Paris, Editions du Dauphin, 1998 ; Encyclopedia of Ukraine, Toronto, Toronto UP, 1984-1993, 5 vol. ; Alexandra GOUJON, « La Révolution orange en Ukraine : enquête sur une mobilisation postsoviétique », In Critique internationale, 2005, Vol. 2, n° 27, pp. 109-126 ; Anne de TINGUY, « L’Ukraine après la « Révolution orange » », in Revue d’études comparatives Est-Ouest, 2006 ; Alexandra GOUJON, Révolutions politiques et identitaires en Ukraine et en Biélorussie (1988-2008) P, 2009, Editions Belin, 272 p.
Pour des thématiques plus précises :
Nataliya BOYKO, Kathy ROUSSELET, « L’Ukraine entre Rome, Moscou et Constantinople », mai 2002, http://www.ceri-sciences-po.org
Notice créée le 18 Août 2009. Dernière modification le 9 Décembre 2009.