iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Emission "Du côté de chez Fred" — [Anatoli Rybakov]

Reportage ou émission de télévision, France, 1988, de Michel Hermant, en couleur, sonore.

Réalisation : Michel Hermant

Production : Antenne 2, France, 1988

Durée : 66 minutes.

Version originale : français

Résumé :

Emission de Frédéric Mitterrand consacrée à Anatoli Rybakov à l'occasion de la parution chez Albin Michel de la traduction de son ouvrage Les enfants de l'Arbat. Rybakov est la vedette de l'année littéraire 1988 en URSS. Le tirage de ce roman y atteint 3 millions d'exemplaires, malgré les difficultés rencontrées par l'éditeur pour réimprimer.  Le secret de sa réussite tient dans le nom du personnage principal, Staline. Le livre met en scène, dans la grande tradition du roman russe, une foule de destins qui se croisent au cours de l'année 1934. Mais l'énigme majeure réside dans ce bonhomme fermé, ignorant, simpliste, enfermé dans un dogmatisme qu'il a hérité du séminaire et qui vient, en cette année, d'éliminer ses derniers rivaux et d'imposer son pouvoir absolu. A la différence de Soljenitsyne dont le projet littéraire était entièrement propagandiste, Rybakkov cherche réellement à résoudre le mystère Staline plutôt qu'à en dénoncer les effets. Du même coup, il ne met pas seulement en  cause les vieux bolcheviks qui, au mieux n'ont pas su s'opposer à l'ascension du dictateur, il ne se contente pas de montrer que le système mis en place par les révolutionnaires de 1917 portait en  germe cette monstrueuse dégénerescence, il met en évidence l'adéquation entre la forme de gouvernement brutale et rusée de Staline et une société russe qui est toujours prête à accepter un tel exercice du pouvoir, fondé à la fois sur la crainte et sur la dévotion. Prenant en fait le contrepied de Soljenitsyne, Rybakov voit dans la mystique du panslavisme la racine même du culte stalinien. C'est dire que le débat engagé en URSS [en 1988] autour du livre de Rybakov – dont la suite,  L'Année 1935 et les suivantes, devait paraître dans les tout prochains mois à Moscou – dépasse largement la rituelle dénonciation du culte de la personnalité. Rybakov gratte jusqu'au fond, jusqu'à l'"âme russe", magnifiée par les ultra-conservateurs. Une âme russe qui, rappelle-t-il dans un autre de ses romans, Sable lourd (paru en traduction française /version intégrale/ chez Fayard, 365 p.), s'est aussi  bien accommodée des horreurs de l'antisémitisme.

[Cette analyse est inspirée d'un commentaire sur l'émission rédigé par Paul Corentin pour Telerama (octobre 1988)].

Orientations bibliographiques : Anatoli RYBAKOV, Les enfants de l'Arbat, P, Albin Michel, 1988 ;

Notice créée le 6 Mars 2009. Dernière modification le 6 Mars 2009.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé