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Sel de Svanétie (Le)
(DŽIM ŠVANTE)

Film documentaire, U.R.S.S. (Géorgie), 1930, de Mikhail Kalatozov, en noir et blanc, muet.

Réalisation : Mikhail Kalatozov Scénario : S. Tretiakov Image : Mikhail Kalatozov, Ch. Gueguelachvili Décors : Davit Kakabadze

Production : GOSKINPROM GRUZII, U.R.S.S. (Géorgie), 1930

Durée : 41 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Ce documentaire décrit la vie très pauvre des montagnards de la Haute Svanétie (Géorgie) à la fin des années 1920. Il s’agit de la région d’Ouchgouli, qui se situe des 2 côtés du fleuve Oungouri. Coupée du monde extérieur par une chaîne de montagnes infranchissable, la population svane de cette région, extrêmement arriérée, conservait encore à cette période les vestiges de coutumes anciennes (sacrifices d’animaux, rituels d’enterrement, écartement de la communauté des femmes en couches, course jusqu’à la mort du cheval ayant appartenu à un défunt, etc.). Le climat très rigoureux (neige en été tombant sur les gerbes d’avoine), la misère et le manque de sel rendaient le taux de mortalité extrêmement élevé. Les hommes descendaient dans la vallée chaque année, en franchissant les cols au prix d’efforts physiques intenses, pour gagner leur vie et ils en rapportaient le sel précieux. Les derniers plans du film montrent comment les montagnards, avec le concours des autorités soviétiques, pourront construire une route grâce au premier plan quinquennal.
De fait, l’existence de ce film est due à un hasard : une équipe de tournage fut envoyée en Svanétie en 1929 pour tourner un film de fiction, L’aveugle. La même année, le matériel tourné fut envoyé à Tbilissi. Mais d’après son réalisateur, Kalatozichvili (qui russifia son nom par la suite en “Kalatozov”), une fois le film monté, il fut décidé de le mettre au placard pour cause de “formalisme” (il fut en réalité détruit). Mais, pendant l’expédition, séduit par la beauté de la région, le cinéaste avait tourné deux bobines de prises de vue touristiques en plus de celles de L’Aveugle. Additionnées aux rushes de son film interdit, celles-ci furent montées et devinrent Djim Chvante, l’un des chefs-d’œuvre du cinéma géorgien. Soit le croisement des chutes d’un film de fiction et de prises de vue documentaires. Voir notamment le plan dans lequel une femme, assise sur une batteuse, portant un berceau, tourne dans une grange ; avec elle tournent, parallèlement, les hautes tours du village : procédé de l’opérateur qui peut être interprété comme une métaphore sur le travail exténuant. Kalatozov le réutilisera dans Quand passent les cigognes (séquence où le tournoiement des bouleaux annonce la mort de Boris).

Orientations bibliographiques :

Aspects du cinéma soviétique, numéro spécial Géorgie, 1982, n° 4 ; Jean RADVANYI (dir.), Le cinéma géorgien, P, Ed. du Centre G. Pompidou, coll. Cinéma / pluriel,1988 (voir notamment l’analyse du film par Natia AMIREDŽIBI, “Les premiers chefs-d’œuvre”, p. 57-58), voir également ibid., p. 97-99 ; Sur l’œuvre de Kalatozov en général, Maurice BARDÈCHE, Robert BRASILLACH, Histoire du cinéma, vol. II, P, Le Livre de Poche, rééd. 1966, p. 461-470 ; Myriam TSIKOUNAS, “Dziga Vertov et Mihail Kalatozov : deux cinéastes au confluent de la fiction et du documentaire”, La licorne (Publication de la Faculté des Lettres et Langues de l’Université de Poitiers), 1992/24, p. 117-130 ;

Voir aussi le documentaire de Patrick Cazals, L'Ouragan Kalatozov, Paris, CNC, 2011 ; 

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 4 Avril 2012.

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