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Schizofrénia, une maladie soviétique

Film documentaire, France, 2001, de Vita Zelakeviçiute, en couleur, sonore.

Réalisation : Vita Zelakeviçiute Scénario : Vita Zelakeviçiute Musique : Pawel Szymanski Image : Jozef Szymura Montage : Katarzyna Maciejko-Kowalczyk

Production : France, 2001

Durée : 57 minutes.

Version originale : français

Sous-titres : français

Résumé :

Documentaire d’un intérêt exceptionnel sur la psychiatrie soviétique à l’époque brejnevienne. Des hommes ont été enfermés dans les hôpitaux psychiatriques soviétiques parce qu'ils avaient critiqué l'invasion de la Tchécoslovaquie (plusieurs témoignages insistent sur le facteur déclenchant qu’a constitué cet événément) ou cherché à émigrer, ou lancé des tracts dénonçant le régime, etc. Pour les interner, il fallait leur trouver une maladie. Il fut décrété qu'ils étaient atteints de “schizophrénie non symptomatique” (pathologie inventée par l’école de Snejnevski). Des hommes enfermés pendant des années et assommés par les médicaments témoignent de la vie dans ces hôpitaux-prisons : Extrait du sténogramme d’une conversation entre un patient et le médecin-chef de l’hôpital psychiatrique de Kashchenko (Moscou, 1974). Interviews de : Sergueï Potylitsyn, interné en “hôpital spécial” pendant sept ans, Mikhaïl Koukobaka (5 ans), Piotr Startchik (3 ans), Boris Kovgar (8 ans).
Interviews de psychiatres en poste à l’époque brejnevienne : Yakov Landaou, responsable de la psychiatrie légale à Moscou depuis 1962 ; Ada Korotenko ; Mikhaïl Fedorov, chef de service en hôpital spécial depuis 1979 ; Vassili Ermakov, directeur d’hôpital spécial depuis 1974 ; Albert Zeleneev, chef de section en HS depuis 1964 ; Victor Tzarev, idem depuis 1968 ; Ces hôpitaux dépendaient du ministère de l’Intérieur. L’Institut central de recherche de Serbski contrôlait ces hôpitaux pour le traitement des malades, et effectuaient des inspections tous les 6 mois pour décider des sorties ou d’un maintien en HS. Les médecins interviewés ne reconnaissent en rien leur responsabilité. En 1988, les articles 70 et 190 du Code pénal soviétique (datant de 1960) qui permettaient d'interner les gens pour délit d'opinion ont été supprimés.
Témoignage d’une infirmière, Galina Sidorava, chargée d’injecter de l’insuline aux malades en tant que thérapie de choc, soit l’un des traitements habituels de la schizophrénie non symptomatique. Les traitements à la sulfadiazine étaient utilisés comme punition et redoutés par les internés. Desciption de l’effet terrifiant du traitement à l’aldol.
Témoignages de psychiatres dissidents : Anatoli Kariagin, auteur d’un ouvrage intitulé “Les patients malgré eux” ; Semion Gluzman ; arrestation puis libération du général Grigorenko. L’Association iindépendante des psychiatres de Russie affirme (en 2001) qu’entre 1967 et 1987, plus de 2 millions de personnes ont été reconnues malades, soumises à des traitements contre leur volonté, déchues de tous leurs droits civiques, et ce pour des raisons politiques.
Images d’archives (peu connues et d’un grand intérêt) de foules soviétiques à l’époque brejnevienne, d’assemblées d’étudiants en médecine.
Voir à la fin du film les résumés des biographies de tous les internés interviewés ainsi que leurs motifs de condamnation. Figurent également les noms des membre du corps médical interviewés et leur lieu d’exercice.

Orientations bibliographiques :

Cyrille KOUPIERNIK, “Psychiatrie soviétique. Tendances et réalisations”, Cahiers du Monde russe, 3/4, 1962 ; Vladimir BOUKOVSKI, Une nouvelle maladie mentale en URSS : l'opposition, P, Seuil, 1971 ; Roy MEDVEDEV, Un cas de folie. Comment en 1970 se débarrasser en URSS d’un intellectuel encombrant ou les avatars du KGB et de la psychiatrie soviétique, P, Club du livre, 1972 ; Vladimir BOUKOVSKI, Et la vie reprend ses tours. Ma vie de dissident, P, Robert Laffont, 1978 ; Harvey FIRESIDE, Soviet psychoprisons, New York, Norton, 1979 ; Vladimir BOUKOVSKI, Cette lancinante douleur de la liberté, P, Robert Laffont, 1981, 244 p. ; J. CHIAMA, J.-F. SOULET, Histoire de la dissidence. Opposition et révoltes en URSS et dans les démocraties populaires, de la mort de Staline à nos jours, P, Seuil, 1982, 501 p. ; Angela BRINTLINGER, Ilya VINITSKY (dir.), Madness and the Mad in Russian Culture, Toronto, University of Toronto Press, 2007, 331 p.

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 7 Mars 2011.

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