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Adieu camarades ! — L'Empire soviétique 1975-1991 — Episode 6 : Effondrement 1990-1991

Film documentaire, Allemagne-France, 2011, de Andrei Nekrasov, Gyorgy Dalos, en couleur, sonore.

Production : ARTLINE FILMS, GEBRUEDER BEETZ FILMPRODUKTION, ARTE France, ARTE G.E.I.E., etc, Allemagne-France, 2011

Durée : 51 minutes.

Version originale : allemand

Doublage : français

Résumé :

Une question sous-tend le sixième épisode du documentaire Adieu, camarades ! : "En URSS, patrie du communisme, le socialisme de Gorbatchev, désormais libéré du fardeau de ses pays satellites récalcitrants, avait-il encore une chance [de perdurer] en 1989 ?

- 1990-1991 correspond à une période d'intenses débats publics, où la liberté de parole est devenue la norme. Des manifestations monstres ont lieu dans tout le pays. La police arrête pourtant les opposants en faveur du pluralisme. S'agit-il là d'une contradiction de Gorbatchev [soit une deuxième question clé] ? [Interview de l'historien Youri Afanassiev : Gorbatchev "voulait sauver l'Union, le socialisme et le Parti. Toute sa vie, il s'est battu pour maintenir en  vie ces trois vaches sacrées. Elles ont crevé toutes les 3. En plus, c'est  lui qu'on accuse de les avoir fait crever"].

- Des conflits inter-ethniques éclatent au grand jour : janvier 1991, pogroms anti-arméniens à Bakou (Azerbaïdjan), qui durent une semaine entière. Quand l'armée intervient enfin, ce sont essentiellement des civils azerbaïdjanais qui sont blessés ou tués. La contestation gagne le Tadjikistan et sa capitale Douchanbe : en effet, les Arméniens d'Azerbaïdjan se sont réfugiés en masse dans cette république et une (fausse) rumeur prétend que des logements seront attribués aux nouveaux arrivants. Le pouvoir soviétique et le le Parti sont accusés de ne pas être à même de gérer ces flambées nationalistes. Défections en masse au sein du Parti.

- Cas de la RDA : Gorbatchev est initialement opposé à une réunification des deux Allemagnes, leur séparation étant à ses yeux un gage de stabilité en Europe [Int. Hans Modrow,  ministre-président de RDA]. Puis sa position évolue : après avoir déclaré que c'est aux deux Allemagnes de gérer leur réunification, il finira néanmoins par capituler devant la détermination du chancelier Kohl. Il apparaît alors clairement que Gorbatchev ne contrôle plus le processus en cours. 12 septembre 1990 : Traité de réunification de l'Allemagne, signé par les quatre pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale (Edouard Chevarnadze, ministre des Affaires étrangères, est le signataire pour l'URSS). La fin de la partition de l'Allemagne met un trait à la principale conséquence géopolitique de la guerre. C'est le signe que l'URSS, exsangue économiquement et moralement abattue, n'est plus en mesure d'argumenter avec l'Ouest. De nombreux Russes estiment que Gorbatchev a trahi les intérêts soviétiques [Int. Guennadi Bourboulis, vice premier-ministre de Boris Eltsine].

- Les troupes soviétiques évacuent les anciens pays satellites : Hongrie, Tchécoslovaquie et Pologne en 1990, RDA en janvier 1991. Plus encore, les anciens alliés de l'URSS rejoindront l'OTAN, ennemi juré de l'époque de la guerre froide. La dissolution officielle du Pacte de Varsovie a lieu en février 1991, celle du COMECON en juin de la même année.

- Au printemps 1990, Boris Eltsine "passe à l'acte". En mai 1990, il accède au pouvoir en devenant président de la Fédération de Russie, élu démocratiquement, contrairement à Gorbatchev (président de l'URSS) [Int. Youri Afanassiev : Gorbatchev mène un combat passionné pour défendre l'Union, tandis que Eltsine s'efforce de se débarrasser de la structure fédérale].

- La Lituanie a déclaré son indépendance en mars 1990. Evénements de Lituanie et de Lettonie (janvier 1991) : l'armée soviétique tire sur la foule – 15 morts à Vilnius et 6 à Riga (Paras et chars à Vilnius, OMON à Riga) [Int. Guennadi Bourboulis :  l'usage de la force, fait par Gorbatchev à cette occasion, indique que le président de l'URSS est désormais déconnecté de la situation]. [Int. Alexei Kandaourov, général du KGB : Gorbatchev était obligatoirement au courant de la décision de tirer sur la foule].

- 17 mars 1991 : Referendum sur le maintien de l'Union soviétique : 76 % des votants se déclarent en faveur du maintien de l'Union [Int. Valeria Novodvorskaia, militante des Droits de l'Homme : il s'agissait d'une consultation illégitime].

- Démission de Chevarnadze au printemps 1991. 

- Putsch d'août 1991 à Moscou, fomenté par Guennadi Ianaïev, conservateur, entouré de militaires et de hauts cadres du PCUS. Boris Eltsine déclare que les putschistes sont hors-la-loi et réclame le retour de Gorbatchev. Ce dernier sera absent tout au long du putsch, en vacances (ou souffrant ? ou retenu par la force ?) à Foros en Crimée. C'est Eltsine qui va diriger la résistance depuis la Maison Blanche ou Parlement russe. Il est clair à ce moment que le clan de Eltsine l'a emporté [Int. Anna Baskakova, manifestante ]. [Int. Alexeï Kandoourov qui assiste de son bureau à la Loubianka au déboulonnage de la statue de Felix Dzerjinski : Gorbatchev, qui était obligatoirement au courant de la menace de putsch, et qui n'a rien fait pour l'empêcher, n'est plus un chef d'Etat].

- Int. Guennadi Bourgoulis : après le 21 août 1991, l'URSS a cessé d'exister ; le 24 août, Gorbatchev démissionne de son poste de Secrétaire général du PCUS ; le 29 août, suspension du PCUS.

- Int. Grigori Iavlinski, économiste et homme politique :  "Gorbatchev nous a rendus libres, il n'est pas responsable de ce qui nous avons fait de cette liberté, ce n'est pas lui qu'il faut accuser".

- Int. Alexandre Podrabinek, militant des Droits de l'Homme : "Il ne nous a pas donné la liberté. Il a tenté de changer le  système pour le rendre plus stable, plus viable. Il a tout fait pour que le pouvoir reste entre les mains du Partiet n'est arrivé à rien. Il a échoué, et c'est tout".

- Ultime question posée au spectateur par le réalisateur : "Les réformes de Gorbatchev étaient-elles censées sauver le système soviétique, ou bien répondaient-elles à une vraie volonté démocratique ? Gorbatchev était-il un réactionnaire humaniste ou un idéaliste communiste ?. Gorbatchev : "Je suis un fervent adepte de l'idée socialiste. C'est une idée qui se nourrit de nombreux grands principes du christianisme". 

 

 

 

 

Orientations bibliographiques : Jacques RUPNIK, L'Autre Europe. Crise et fin du communisme, P, Odile Jacob / Points Seuil, 1990 et 1993, 384 p. ; François FEJTÖ (avec la collaboration d'Ewa Kulesza-Mielkowski), La fin des démocraties populaires, les chemins post-communistes, P, Seuil, 1992, 568 p. ; Archie BROWN, The Gorbatchev Factor, Oxford, Oxford UP, 1996, 406 p. ; Jean-François SOULET, Histoire comparée des États communistes de 1945 à nos jours, P, Armand-Colin, 1996, 404 p. ; Mikhaïl GORBATCHEV, Mémoires : une vie et des réformes, P, Ed. du Rocher, 1997 ; Pierre KENDE, Aleksander SMOLAR (dir.), La Grande Secousse : Europe de l'Est 1989/1990, Paris, CNRS Editions, 1999, 235 p. ; Boris ELTSINE, Mémoires, P, Flammarion, 2000 ; Andreï GRATCHEV, Le mystère Gorbatchev : la terre et le destin, P, Editions du Rocher, 2001, 377 p. ; Archie BROWN, Seven Years that Changed the World. Perestroïka in Perspective, Oxford UP, 2007, 350 p. ; Helmut ALTRICHTER, Russland 1989: Der Untergang des sowjetischen Imperiums, Münich, C.H. Beck, 2009, 448 p. ;

Notice créée le 9 Août 2012. Dernière modification le 5 Septembre 2012.

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