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Adieu camarades ! — L'Empire soviétique 1975-1991 — Episode 4 : Réveil 1988

Film documentaire, Allemagne-France, 2011, de Andrei Nekrasov, en couleur, sonore.

Production : ARTLINE FILMS, GEBRUEDER BEETZ FILMPRODUKTION, ARTE France, ARTE G.E.I.E., etc, Allemagne-France, 2011

Durée : 55 minutes.

Version originale : allemand

Doublage : français

Résumé :

- Le quatrième épisode de Adieu, camarades !  est largement  consacré au "réveil des peuples", qui se manifeste en URSS à partir de 1988 environ :

[Int. de Uwe Wirthwein, explorateur amateur est-allemand] : Des Allemands de l'ancienne RDA évoquent leur sentiment d'enfermement, de handicap, face à la frontière avec l'Ouest, face à l'incapacité à voyager ailleurs qu'en URSS et dans les Pays de l'Est, qu'ils ressentaient comme un carcan. Témoignage sur le comportement de colonisateurs des Soviétiques face aux nationalités faisant partie de l'Empire.

[Int. de Klaus Laabs, traducteur littéraire est-allemand] : L'impérialisme soviétique serait-il finalement proche du colonialisme russe ? Prise de conscience (autour de 1987) de la russification  très forte de l'Asie centrale.

[Int.  de Lagle Parek, dissidente et femme politique de l'Estonie post-communiste] : Aucun pays n'a intégré l'Union soviétique de son propre chef. En 1949, déportation des "bourgeois nationalistes" estoniens en Sibérie (22 000 personnes)].

La dénonciation par Andreï Sakharov de l'"impérialisme soviétique" en pleine séance du Congrès des députés du peuple auquel le scientifique a été élu en mars 1989 (nouvelle Chambre) donne une nouvelle impulsion à ce mouvement d'émancipation.

- Amorce d'un travail de mémoire sur le passé stalinien : long développement sur l'Association Memorial, créée par Sakharov en 1988 dans l'objectif de "promouvoir la mise au jour de la vérité sur le passé et perpétuer la mémoire des victimes de la répression politique exercée par les régimes totalitaires". Selon Sakharov, une seule chose peut guérir le peuple : la vérité". En découle, encouragée par Gorbatchev, la mise en évidence des répressions et des victimes du stalinisme, chaque citoyen pouvant obtenir de Memorial une enquête sur la disparition de ses proches. L'ensemble des dossiers aboutissent à une réhabilitation. Il apparaît in fine que presque toutes les familles soviétiques comportent une victime des répressions staliniennes [int. de Boris Belenkin, chercheur, Association Memorial].

- Ce mouvement est décuplé par la liberté de la presse encouragée par la politique de glasnost et la multiplication des journaux. Les clauses secrètes du Pacte Molotov-Ribbentrop de 1939 sont dévoilées au public.

- Gorbatchev est moins enclin à la démocratisation en ce qui concerne l'opposition politique (Boris Eltsine). Menaces des conservateurs (notamment de Egor Ligatchev, chef des conservateurs) contre Eltsine. Ce dernier est écarté de la direction du Parti de Moscou, du Politburo, et s'impose en héros populaire,  se faisant le champion des slogans anti-corruption. 

- Evolution de la situation dans les pays d'Europe centrale :

Long développement sur la Roumanie : malgré le refus de Ceaucescu de soutenir l'intervention soviétique en Afghanistan fin 1979 et le triomphe réservé à Gorbatchev au tout début de sa politique de perestroïka, soit deux manifestations qui ont pu faire passer le Conducator pour un libéral, on observe en Roumanie un courant de ""néo-stalinisme". Après le tremblement de terre de 1977, tout un quartier du centre historique de Bucarest est rasé en vue de la construction d'un palais présidentiel, et ce malgré les restrictions alimentaires. Loi dite de "systématisation" visant à faire déménager des paysans dans les villes, en détruisant villages et maisons individuelles et en entassant les familles paysannes dans des immeubles communautaires (18 familles par immeuble). 2/3 des villages du pays et du patrimoine architectural roumain vont ainsi disparaître.  Par ailleurs, l'avortement est interdit et les contrevenantes poursuivies par la police secrète (Securidad) [int. sur ce dernier thème de Laura Grunberg, ancienne étudiante en sociologie]. La minorité hongroise de Roumanie est également pourchassée et souhaite émigrer en Hongrie.

Ainsi, dans le bloc de l'Est, l'insatisfaction ne cesse d'augmenter, en particulier dans les pays où les dirigeants s'opposent aux réformes préconisées par Mikhaïl Gorbatchev.

- Retour en URSS. Interview de Youri Afanassiev, historien phare de la perestroïka : la Russie et l'URSS ont été des empires idéocratiques et non des empires coloniaux. L'Empire russe a même été un empire théocratique. Développement sur le concept de "Moscou - troisième Rome", théorie politique selon laquelle Moscou, après être devenue la capitale du seul État indépendant orthodoxe, aurait reçu comme mission de protéger la foi orthodoxe et les traditions de la Rome impériale (première Rome) après la chute de Constantinople (deuxième Rome) en 1543.

L'année 1988 voit la célébration du millénaire de l'introduction du christianisme dans la Rus'. Développement sur la libéralisation dans le domaine de la pratique religieuse en URSS autour de 1988.

- Si Gorbatchev a fait renaître l'espoir dans le pays,  l'une des ses erreurs les plus graves a été de ne pas comprendre les revendications nationales, malgré sa proclamation d'ouverture. Long développement sur le problème des revendications nationales qui émergent en URSS, en lien ou non avec des conflits ethniques, autour de 1988 (cas du Caucase) : 

a) Problème de l'enclave arménienne du Haut-Karabagh au sein de l'Azerbaïdjan. Interview du Père Parkev, explicitant l'origine du phénomène :  les déportations de masse orchestrées par Staline, à l'origine commissaire aux Nationalités, auraient engendré des conflits ethniques larvés,  constituant autant de bombes à retardement qui vont exploser avec la libéralisation de l'empire. Le 29 février 1988, des violences inter-ethniques embrasent Soumgaït et la population arménienne  de la ville subit un pogrom qui fera 29 morts et 2 000 blessés au bout de trois jours de conflit. Ce pogrom  fait suite aux revendications indépendantistes de la forte population arménienne de la province autonome du Haut-Karabagh. Ces massacres marquent le début de la guerre du Haut-Karabagh et du différend qui existe aujourd'hui encore entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. 

b) Long développement sur la Géorgie. Interview de Edouard Chevarnadze. Les conflits se multiplient entre républiques ou entre minorités au sein d'une même république. Intervention de l'armée soviétique à Tbilissi en avril 1989 (20 victimes).

Orientations bibliographiques :

Jay BERGMANN, Meeting the Demands of Reason. The Life and Thought of Andrei Sakharov, Ithaca-Londres, Cornell UP, 2009, 454 p. ;

Claire MOURADIAN, De Staline à Gorbatchev. Histoire d'une république soviétique, l'Arménie, P, Ramsay, 1990, 475 p. ; S. CHAHMOURADIAN, La tragédie de Soumgaït, P, Le Seuil, 1991 ; Claire MOURADIAN, "Autour du Karabagh et du mouvement national arménien", in In a Collapsing Empire - Underdevelopment, Ethnic Conflicts and Nationalisms in the Soviet Union, Marco Buttino (ed.), Fondazione Giangiacomo Feltrinelli, Milan, 1993, p. 203-217 ; Claire MOURADIAN, "La question du Karabagh, historique", in Caucase, Axes anciens, nouveaux enjeux, dossier sous la direction de F. Longuet-Marx, Nouveaux Mondes, Revue du CRES (Centre de Recherches Entreprises et Société), Genève, n° 8, été 1998, p. 69-65 ; Gaïtz MINASSIAN, Guerre et terrorisme arméniens, 1972-1998, Paris, PUF, 2002 ;  François THUAL, La crise du Haut-Karabakh. Une citadelle assiégée ?, Paris, IRIS, 2003 ;

Kathy ROUSSELET (coordonnateur), “Passé et présent religieux en Russie“, RECEO, vol. 24, n° 3-4, septembre-décembre 1999 ; Jean-François COLOSIMO, L'Apocalypse russe : Dieu au pays de Dostoïevski, P, Fayard, 2008, 357 p. ; 

Notice créée le 3 Août 2012. Dernière modification le 8 Août 2012.

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