Le premier épisode traite de la période 1975-1979 au cours de laquelle le communisme atteint son expansion maximale.

A) Aspects politiques

Le film s'ouvre sur la Conférence d'Helsinki (1975). Celle-ci entérine le Pacte de Varsovie (1955) en reconnaissant de facto les frontières de l'après-guerre et en légitimant par voie de conséquence la mainmise de l'URSS sur le bloc de l'Est, revendiquée suite à sa victoire sur le fascisme. Officiellement présentée comme un accord sur la sécurité et la coopération en Europe, la Conférence d'Helsinki serait de fait un échec pour l'Occident. Echec annoncé par Alexandre Soljénitsyne dans un discours retentissant devant le Congrès américain la veille de l'ouverture de la conférence. Le troisième volet des accords, concernant les Droits de l'Homme, aurait été considéré par les Soviétiques comme une broutille au regard de la reconnaissance par les puissances occidentales des frontières établies par le Pacte de Varsovie.

[Personnalités interviewées sur ce thème : Anatoli Tcherniaev, rédacteur des discours de Brejnev ; Andreï Gratchev, ancien directeur adjoint du Secteur international du P.C.U.S.]

Une deuxième section porte sur la "libération" par l'Armée rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale des futurs pays de l'Est et analyse les réactions de leurs différents ressortissants :

- Evocation de l'impact sur les citoyens soviétiques de l'entrée en Tchécoslovaquie des chars russes en 1968 (désillusion quant au pacifisme officiellement prôné par l'URSS) ;

- Condamnation par la Roumanie de l'intervention soviétique et refus par Ceaucescu d'envoyer des troupes en Tchécoslovaquie;

[Personnalités interviewées :  Andrei Stavinoha, mineur tchèque ; Sergiu Celac, interprète de Ceaucescu]

B) Aspects économiques, sociaux, culturels

Pourtant, les mouvements des Droits de l'Homme, à l'instar de la charte 77, ont été galvanisés par la Conférence d'Helsinki, les problèmes économiques grandissants et l'influence de la culture pop ont entraîné les premières faillites dans le système.

- Evocation de l'"économie de pénurie" :

[Personnalités interviewées : témoignages  de Michal, musicien tchèque, Paul, ancien étudiant roumain, et Maciej, ancien ouvrier polonais, sur le niveau de vie et la pénurie d'objets de consommation courante à la fin de 1960 ; Herbert Richter, directeur durant 35 ans de la plus grande centrale à charbon dans l'ancienne RDA, analyse l'erreur qui a consisté à vouloir développer un "marché socialiste", un marché interne et auto-suffisant]

- Analyse des "valeurs" différentes à l'Ouest et à l'Est ; en URSS, à l'époque brejnévienne, on enviait l'Occident mais pas ses valeurs ; développement d'une culture à part, proprement socialiste, aux accents romantiques ;

- Dans le même temps, développement du mouvement dissident et dénonciation par Alexandre Podrabinek des pratiques psychiatriques à l'encontre des dissidents ; 

- Développement dans la jeunesse d'une culture pop underground, exemple en Tchécoslovaquie du Groupe "Plastic People of the Universe" (Vratislav Brabenec) et arrestation de son leader ;

- Elan de libération spirituelle et développement du mouvement "Charte 77" en Tchécoslovaquie ;

- Insistance sur le phénomène que représente en URSS le "barde" Vladimir Vissotsky en étant à la fois officiellement interdit et une idole de la jeunesse russe ;

[Personnalités interviewées sur ces thèmes : Mgr Parkev Mardirosian, évêque arménien du Haut-Karabagh, évoque les "valeurs"  propres à l'Est ; Alexandre Tsypko,  ancien professeur de théorie marxiste-léniniste ; Alexandre Podrabinek, militant des Droits de l'Homme ; Vaclav Havel, écrivain et homme d'Etat (sur le sort du groupe "Plastic People") ; Marina Vlady, épouse de Vissotski].

Dans cette dernière section, l'approche transversale est particulièrement fructueuse, puisque sont confrontés, notamment en ce qui concerne la culture pop ungerground, différents mouvements et groupes (souvent peu connus à l'Ouest) appartenant à divers "pays de l'Est". L'abondance de films amateurs est aussi à noter.