Résumé : Ce documentaire relate l’histoire dramatique de Karim Hakimov (1890-1938), qu’on peut appeler le Lawrence d’Arabie russe. Hakimov était musulman de Russie. Il a rejoint les rangs des Bolchéviques et est devenu le principal diplomate de Lénine en Arabie Saoudite et au Yémen. Dans les années 1920, les Soviétiques ont déployé beaucoup d’efforts pour exporter la Révolution communiste au Moyen-Orient ou, tout du moins, rallier à l’URSS l’amitié des gouvernements de la région face aux puissances coloniales occidentales, notamment la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. En tant que musulman, Hakimov a réussi à établir de bonnes relations avec la dynastie saoudienne, et grâce à lui, l’Union Soviétique a été le premier état à reconnaître officiellement l’avènement du Royaume Saoudien en 1926. Daniel van der Meulen, voyageur et orientaliste hollandais, a rencontré Hakimov en Arabie Saoudite et nous a laissé des souvenirs très vivants du militant comme de l’homme. La tragédie de Hakimov a été sa disgrâce sous Staline qui a conduit à son exécution à Moscou en janvier 1938. Le film relate également l’histoire de sa femme musulmane qui fut déportée dans un camp soviétique et celle de sa fille qui eut également à souffrir d’être l’enfant d’un « ennemi du peuple ».

La première projection du film (en version russe avec interprétation simultanée) a eu lieu lors de la Conférence internationale « la Russie et le monde islamique » à Oufa, le 26 mars 2011. Cette conférence marquait le 120^ème anniversaire de la naissance de Hakimov. Aujourd’hui, Hakimov représente, pour la Russie, un pont politique important vers le monde musulman.

Le film est extrêmement riche en images d'archives (il est toutefois regrettable que leur provenance ne soit pas indiquée dans le générique), en sources écrites (idem), et en interviews : Alexei Vassiliev (directeur de l'Institut d'Etudes africaines, Académie des Sciences de Russie) ; Slimane Zeghidour (journaliste, rédacteur en chef à TV5 Monde) ; Vitali Naumkine (directeur de l'Institut d'Etudes Orientales, Académie des Sciences de Russie) ; Gregory Kosach (professeur à la R.G.G.U.) ; Olga Barmine (fille d'un ami de Karim Hakimov, le diplomate soviétique Alexandre Barmine, qui a survécu à la Terreur) ; Ruslan Khairetdinov (Université d'Etat du Bachkortostan) ; Farida Bourangoulova (conservateur du Musée Karim Hakimov) ;

Radik Kudoyarov, né en 1973 à Oufa, est un réalisateur russe indépendant, spécialisé dans le fim documentaire.