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Émission “Thalassa” — La mort d'un peuple : les dernières chasses des seigneurs de Béring

Reportage ou émission de télévision, France, 2009, de Frédéric Tonolli, en couleur, sonore.

Réalisation : Frédéric Tonolli

Production : France, 2009

Durée : 110 minutes.

Version originale : français

Résumé :

Documentaire très sombre décrivant le déclin démographique des Tchouktches, peuple d'Esquimaux chasseurs de baleines ayant toujours vécu dans les confins du cercle polaire Arctique, sur la rive russe du détroit de Béring. La Tchoukotka est actuellement peuplée de 50 000 habitants, dont seulement 10 000 sont tchouktches. Ceux de la côte sont chasseurs de baleines (et de morses, etc.), tandis que ceux de l'intérieur sont éleveurs de rennes.

Le réalisateur du film a passé trois ans pleins (étalés sur une dizaine d'années à partir de 1999) auprès des Tchouktches de la côte. Le trajet est toujours identique : Moscou, Anadyr (capitale de ce district autonome), puis, tout au bout de la péninsule de Tchoukotka, le village de Ouélen sur le détroit de Béring. Le cap Dejnev sépare la Russie de l'Alaska américain tout proche.  Au fil de ses voyages, Frédéric Tonolli décrit longuement l'agonie de ce peuple du Grand Nord sibérien, tué à petit feu par la colonisation russe, l'alccol, la tuberculose, le réchauffement climatique, le désespoir. Une longue série de suicides décime cette communauté, même chez les adolescents (longue séquence sur le suicide d'Irina, 14 ans).

Depuis la fin de l'URSS, les Tchouktches ne reçoivent plus de salaire (qu'ils percevaient dans l'ancien système collectivisé, même s'ils avaient été enrôlés par la contrainte dans les kolkhozes) et se nourrissent uniquement de leur chasse (14 baleines par an en moyenne pour les pêcheurs de Ouelen). L'entraide a toujours été la règle de cette communauté : quand les chasseurs de baleines (ou de morses, etc.) revenaient sur la côte, tous les gens du village se partageaient rituellement le fruit de leur chasse. Quant aux Russes qui sont restés après 1991, autrefois bien rémunérés pour dévolopper le Nord sibérien, ils ont eux aussi beaucoup perdu avec la fin du système soviétique. Au début des années 2000, l'oligarque Roman Abramovitch, gouverneur de la région, a tenté de transformer la région économiquement. Les salaires ont de nouveau été payés. Mais la langue tchouktche  est de moins en moins pratiquée, quoique elle continue à être enseignée à l'école quelques heures par semaine. Et les Tchouktches se sont sentis dépossédés de leur terre. Les nouvelles maisons qu'on leur a proposées n'ont pas fait l'unanimité. Désormais, la viande de baleine est vendue. Il n'y a plus de règle et tout va à vau-l'eau.

Toute la vie quotidienne du peuple tchouktche défile dans le film : chasse au morse pour la viande et l'ivoire – on va ensuite coudre 25 k de viande de morse dans de la peau de l'animal, puis laisser faisander cette "kartochka" pour nourrir la famille... et les chiens de traîneaux. Pêche au "zagar" (en faisant un trou dans la glace l'hiver), notamment pour attraper les phoques.  Cueillette des marouchkas (baies) au mois d'août dans la toundra pour la famille et aussi pour la vente. Fabrication du samogon. Ravages de l'alcoolisme, également chez les femmes, etc.

Il faut noter quelques images d'archives de la soviétisation de la péninsule de Tchoukotka dans les années 1920.

 

 

 

 

Orientations bibliographiques :

Notice créée le 14 Octobre 2011. Dernière modification le 4 Juillet 2012.

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